Cet article est une retranscription du discours de Mahama Compaoré, maire-adjoint PCF de la commune de Blainville-sur-Orne (Calvados), lors de la fête des coteaux de 2023. Seul le discours prononcé fait foi.
Aux parlementaires : Madame Corinne Feret, sénatrice du Calvados, Monsieur Arthur Delaporte, député du Calvados ;
Aux élus municipaux : Marc Lecerf, maire de Fleury-sur-Orne, Damien De Winter, maire de Giberville, Pierre Mouraret, maire de Dives-sur-mer, Gérard Ichmoukametoff, maire de Chouain, Lionel Marie, maire de Blainville-sur-Orne, Franck Guéguenia, maire d’Epron ;
Aux élus départementaux : Edith Heuzé, Joël Jeanne, Gilles Déterville, Francis Joly, Antoine Casini
Aux organisations syndicales : Allan Bertu, secrétaire générale de l’UD CGT ;
Aux associations : Etienne Adam, président de la section caennaise de La LDH ;
Aux responsables des partis politiques : Martine Denis, 1ère secrétaire du PS du Calvados, Aurélie Traoré et…. délégués régionaux EELV, Agnès Laurent et Noé Gauchard, référents LFI, Franck Guéguénia, PRG, Karine et Jean-Michel Gualbert, PG
Chers amis, Chers camarades,
La situation internationale est aujourd’hui marquée par la guerre russo-ukrainienne, et un embrasement à nouveau du conflit israélo-palestinien.
Quand le 24 février 2022, le président russe, Vladimir Poutine lance ses troupes sur son flanc sud-est, le but de guerre affiché était de débarrasser le peuple ukrainien, je le cite, du « néo-nazi » Comme en 2014, le même Poutine avait annexé la Crimée au nez et à la barbe de tout le monde, assumant de ce fait sa volonté hégémonique sur un pays indépendant, dans le cas ukrainien, il s’agissait plus de faire croire à l’opinion publique internationale d’une action de salut public. Ont cru cette faribole ceux qui le voulaient.
Volodymyr Zelensky, principale cible visée n’a pas eu de difficultés à mobiliser son armée et son peuple pour défendre l’intégrité et la souveraineté de son territoire. Non sans succès d’ailleurs car l’armée de l’envahisseur a eu du mal à progresser dans le pays. La multiplication des fronts sur le théâtre des opérations laissa entrevoir une disproportion entre les forces en présence. D’où le recours par Zelensky à l’aide militaire extérieure, principalement celle venant des pays européens de l’ouest et nord-américain, essentiellement Les États-Unis. Dès lors, de régional, le conflit prenait des allures mondiales.
Les soutiens ukrainiens sont surtout des pays membres de l’OTAN et parmi eux, des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Les aspects économiques du conflit ne sont pas à ignorer, ils servent les ambitions politiques. Au passage, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes inscrit dans la Charte de l’ONU est passé pour pertes et profits. La seule solution envisagée jusque-là par les protagonistes est l’option militaire.
Ce qui devait être une balade pour Poutine est devenu une pétaudière. S’étant fait épauler par les mercenaires d’Evegueni Prigojine, le dirigeant de la Russie constate une situation qui lui revient en boomerang. L’errance de son armée est son incapacité à avancer sur le front, la perte de mercenaires ont aiguisé les appétits de Prigojine. Celui-ci n’a pas hésité le temps d’une demi-journée à faire trembler son ancien mentor. Sa renonciation à prendre Moscou a constitué la fin d’un psychodrame. L’épisode ne sera pas sans conséquence sur l’évolution du conflit comme sur Poutine. Toutefois, le moins que l’on puisse exiger est l’application du droit international, c’est-à-dire le retrait de l’armée russe d’Ukraine et la création de conditions sous l’égide des Nations-Unies d’un règlement pacifique du conflit. A ce stade, le parti communiste français demande aux autorités françaises de travailler en ce sens. Les peuples ukrainien et russe n’attendent que cela.
C’est devenu maintenant une ritournelle que d’évoquer le conflit israélo-palestinien. 75 ans après la création de l’État d’Israël sont 75 ans de privation des Palestiniens de disposer d’un État. 75 ans durant lesquels leur droit est bafoué. Malgré la multitude des résolutions de l’ONU, des sommets internationaux, des Accords relatifs à cette question, on n’a pas bougé d’un iota. L’auto-affranchissement de l’État d’Israël du droit international pendant une si longue durée, et l’incapacité ou le manque de volonté des puissances internationales à lui faire entendre raison illustrent leur cynisme vis-à-vis du peuple palestinien. Ce que ce dernier a appelé « La Nakba », c’est-à-dire la catastrophe, c’est-à-dire encore le déplacement forcé de 700 000 palestiniens lors de la création de l’État d’Israël en 1948, reste comme une tache indélébile en matière de respect du droit.
Aujourd’hui, la tension reprend dans la région. Des villages palestiniens sont pris d’assaut par des colons juifs. Des destructions de biens, vols de bétail, assassinats, humiliations sont de rigueur à l’encontre des Palestiniens sous l’œil bienveillant de l’armée israélienne qui, dans certains cas, prête main forte aux dits colons.
Écoutons le témoignage d’une palestinienne de 69 ans lors d’une descente des colons dans son village ces derniers jours :
« L’un avait un bâton et l’autre, je ne sais pas, probablement une arme. Il m’a aspergé de quelque chose et il a frappé l’enfant avec le bâton. Mon petit-fils [de 7 ans] s’est mis à crier. Je me suis interposée : Non pas lui, pas l’enfant » Il s’en est alors pris à moi, m’a mis plusieurs coups, puis ils sont partis »
Face à ces atrocités, le principal soutien d’Israël, les États-Unis, par la voix du département d’État s’est contenté laconiquement d’un « Nous condamnons ces actes violents » Ce sont là l’énième pied de nez à l’ONU et à ses résolutions, l’énième expression d’une violence d’État contre un peuple et contre son droit. Les hommes et les femmes de bonne volonté, les combattants de la liberté, de la justice élèveront toujours leurs protestations contre cette impunité d’Israël et pour le droit du peuple palestinien à disposer d’un État dans des frontières sûres et reconnues aux côtés d’Israël et pour que les 2 peuples vivent en paix l’un à côté de l’autre.
En France, durant plus de 5 mois, à travers 14 manifestations et de nombreuses grèves dans le public et le privé, l’intersyndicale rassemblée, les organisations politiques de gauche, dont les signataires de l’accord NUPES, les députés et sénateurs de gauche au parlement, les Français dans leur diversité, ont battu les pavés. Ils exprimaient ainsi leur opposition à la réforme des retraites.
Le président de la République et son gouvernement avaient prétexté d’un déficit du système estimé à 12 milliards d’euros pour mettre à bas l’un des conquis du programme du CNR. Les conclusions du dernier rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) viennent battre en brèche cet alibi. Le système des retraites par répartition serait encore, d’après ce rapport, en déficit au-delà de 2030 pour des raisons économiques, sociologiques, et démographiques qu’il ne nous appartient pas de détailler ici.
Ce que cette séquence aura révélé aux Français, c’est la condescendance, le mépris dont le président et son gouvernement ont fait preuve vis-à-vis des Français et vis-à-vis des pratiques démocratiques. Voici une réforme d’ampleur qui a échappé au débat au parlement par celles et ceux pour qui le rôle consiste à proposer, débattre, amender, voter, ou rejeter les lois. Au lieu de cela, le président et son gouvernement ont usé et abusé des dispositions les plus antidémocratiques d’une Constitution créée par et pour un monarque républicain. Les articles 49-3, 47-1, 42-1, 40-3, et j’en passe, ont été utilisés pour un passage en force.
A leur issue, le président de la République s’est empressé de promulguer « sa » loi.
Les conditions qui ont précédé ce dernier geste nous restent cependant en mémoire. En effet, certaines des 14 manifestations ont été émaillées de violences aussi bien des blacks blocs que de la police. Celle-ci n’a pas toujours fait dans le détail, frappant et blessant y compris des manifestants non violents. Bref, toute panoplie de comportements de la part de la puissance publique qu’on aurait voulu qu’ils soient remisés aux calendes grecques se sont affirmés au grand jour comme du temps des gilets jaunes.
A ce stade de mon propos, comment ne pas évoquer ce drame de Nanterre, ce qui s’en est suivi et ce qu’il reste à faire ? Si l’on ne peut tolérer la mort d’un citoyen ordinaire au cours d’un contrôle routier, on ne peut tout autant justifier les violences qui, depuis mardi 27 juin, embrasent plusieurs villes de France. Au-delà de l’émoi et de l’effroi qu’a provoqué la mort de Nahel, 17 ans, par un tir à bout portant provenant d’un policier au motif qu’il faisait l’objet d’un refus d’obtempérer, il y a à s’interroger sur le rôle confié à l’institution policière, son efficacité dans son rapport avec la population.
Le propos de Patrick Bessac, maire communiste de Montreuil, cerne assez bien, me semble-t-il, le problème. Voici ce qu’il dit « Il existe dans notre pays un déni de réalité : il y a un problème de rapport police-population. Trop de faits graves se répètent. Les nier c’est accepter que continuent de se creuser les fractures dans les rapports avec la police de la République. La base d’une solution passe par reconnaître qu’une partie de notre police est, de manière régulière et inacceptable, l’objet de dérives qui brisent la confiance avec une partie de la population et de la jeunesse » Puis, il esquisse une solution qui, d’après lui, « passe par un renouvellement profond de la formation et de la doctrine nationale des forces de l’ordre de manière à rendre notre police structurellement intolérante aux manifestations de brutalité, de préjugés et d’injustice. Le problème de l’institution n’est pas d’abord de défendre un « collègue » mais de défendre la justice » En attendant une famille est endeuillée pour un refus d’obtempérer.
J’en reviens à mon propos sur le récent mouvement social d’ampleur.
Au bout de cette période de luttes, pour certains la partie a été perdue par les adversaires de la réforme. S’il y a une victoire du pouvoir, elle a le goût d’une victoire à la Pyrrhus. Les Français auront découvert un pouvoir dont la majorité à l’Assemblée nationale a usé de subterfuges pour imposer aux membres de l’intersyndicale, aux travailleurs, à l’opinion publique, et à la population une réforme injuste, violente et pour tout dire antidémocratique. Ce comportement n’augure rien de bon pour la démocratie à moyen terme dans la mesure où d’autres politiciens véreux pourraient dans le futur s’en référer pour l’abattre.
Mais l’histoire de France est là qui indique que les Français ne s’en laisseront pas compter.
Au bout du compte, il aura paru plus facile pour le pouvoir de s’affirmer tel qu’il l’a été ces derniers mois que de trouver des solutions aux maux dont souffre la population à savoir le chômage, l’insuffisance de pouvoir d’achat, et la persistance d’un mal-être individuel et collectif au sein du plus grand nombre de nos concitoyens.
Chers amis, chers camarades, je crois qu’après une telle séquence, faire la fête comme on dit, celle des Coteaux ici aujourd’hui à Fleury-sur-Orne, et celle dans 2 mois à Brétigny-sur-Orge à l’occasion de la Fête de L’Humanité, nous permettra de nous réarmer pour des combats porteurs d’espérances, de victoires, et d’émancipation. Le parti communiste français pour sa part, y prendra toute sa place.
Je vous remercie.